La question essentielle de la semaine n'est pas : Que faisait Frederic Mitterand à la fête d'un parti qui n'est pas le sien à part aimer se faire siffler ? mais plutôt :
La question essentielle de la semaine, c'est : Faut-il (re)mettre 250 euros dans une nouvelle intégrale des Beatles ?
Les Beatles, ça vous dit quelque chose, bande de puceaux de moins de 25 ans ? Le plus grand groupe du monde, avant Jesus, en compétition avec Oasis, euh, pardon, les Rolling Stones. Toujours pas ? Le groupe qui a inventé les filles qui pleurent aux concerts, le psychédélisme à grand renfort d'Hindouisme matiné de drogues, le songwriting à deux (Lennon/McCartney, il y a forcement une reprise de ses deux là sur un des cd que vous avez à la maison), les concerts dans le froid sur les toits et plein d'autres trucs bizarres que je ne vais pas vous raconter ici (la séparation du groupe tout ça à cause d'une japonaise qui a donné par son prénom le nom commun à toute séparation de groupe à cause d'une gonzesse : le syndrome YOKO). Revenons à l'intégrale qui sort.
D'abord, il y a deux choses à souligner : Premièrement, oui, je suis un fan inconditionnel des Scarabées, j'ai tous leurs disques, même les inepties de Ringo Starr en solo, poussant même le mimétisme, et je le dis sans honte, à acheter les disques de Ringo l'ex-mari de Sheila, juste au cas où. Au revoir l'impartialité donc. D'ailleurs, comme sans doute 100% de détenteurs de disques des quatre garçons dans le vent, je les appelle par leurs prénoms.
Deuxièmement, les deux survivants des Beatles (qui a dit les moins bons ?) sont très, mais alors, très, très riches. Cela justifie t-il pleinement de s'octroyer le droit de télécharger le coffret dans l'illégalité la plus totale au format FLAC?(vous savez, ce format qui permet de n'avoir aucune déperdition de son, au contraire du MP3, qui salope, pardon, qui compresse, la taille et donc la qualité et le travail de titan des ingés sons d'Apple Records). Rien n'est moins sûr, mais encore une fois, c'est votre portefeuille qui décide. Qu'importe, répondons tout de suite à cette question protéiforme : légalement ou non, oui, il vous la faut. Le livret est joli dans les deux éditions, la boîte en carton aussi, sans parler des rééditions des photographies des albums, tout à l'identique comme lors de la sortie dans les années 60.
Je vous entends crier : On s'en fiche du livret ! Et comment ça, deux éditions ? Oui, deux. Une en stéréo, remasterisé, et une en mono, vraiment pour les puristes qui veulent avoir le son tout au milieu et rien qui dépasse sur les côtés, ou pour ceux qui n'ont qu'une seule baffle, un seul côté du casque qui marche, ou une seule oreille. Par ailleurs, même en achetant la version mono, comme tous les albums n'ont pas été enregistrés en mono, vous aurez tout de même TOUS les albums des Beatles, ceux en mono, et les derniers sortis en stéréo, et bien vous les aurez en stéréo. La stéréo dites totale, c'est à dire même pour leurs premiers disques (With The Beatles, ou Rubber Soul surtout) pour les Beatles me paraît assez indiquée, vu le travail aux enregistrements (il est très rare d'avoir moins de 25 prises pour les Fab Four sur chaque morceau enregistré de leur répertoire, c'est dire l'obsession de perfection qui les habitaient). Franchement, amateur éclairé, néophyte, voleur d'hypermarché, pirate, jette (entre amis des beatles, on se tutoie, non ? Non ? Bon d'accord) les compact disc des beatles de 1987 (la seule édition digitale officielle jusqu'à présent), prenez un bon casque, ou un mauvais d'ailleurs, et écoutez, écoutez, la version stéréo de While My Guitar Gently Weeps sur l'Album Blanc, écoutez la basse et la batterie ressortir, et cet exemple anodin se repète sur absolument tous les morceaux (même ceux écrit par Ringo), le remaster a été (re)fait de main de maître, pendant cinq ans par trois ingé son passionnés et je vous assure, la voilà l'édition définitive. On entend John & Paul vous sussurer dans l'oreille, les cuivres de All You Need Is Love vous chatouille les tympans comme jamais avant. On est à Abbey Road en fermant un peu les yeux. On entend même les respirations au début de certaines prises, juste avant que le chant commence !
Vous me direz encore, c'est pour les initiés, pour les fans, pour ceux qui ne vont pas craquer pour le Rock Band des Beatles, le jeu de guitare pour non-guitaristes sur consoles où l'on appuie sur des couleurs en rythme sur une fausse basse hofner de Paul, une reproduction en toc et plastoc de la guitare Rickenbacker de John sans se préoccuper de savoir si le son stéréo permet enfin d'éjaculer dans son froc pendant les deux dernières minutes d'Helter Skelter (on comprend mieux grâce à la stéréo remasterisée pourquoi Charles Manson était obsédé par ce morceau).
Peut-être, mais écoutez les deux versions si vous le pouvez, la vieille de 1987 (la seule édition des Beatles sortis en CD, mixé avec un fusil d'assaut soviétique) et la nouvelle, et comparez avec vos feuilles de choux, même si vous n'avez pas de l'enceinte Cabasse ou de l'ampli Marantz à ouat mille. Je mets au défi même Emanuelle Laborit de préférer celle de 87 tellement tout est plat, sans âme, comparé à cette beauté retrouvée.
Ce que je regrette le plus, au fond, c'est que les responsables de cette réédition n'ait pas fait une vrai édition pour les vrais tarés de puristes, du mono et/ou stéréo en 33 tours, avec la technologie d'aujourd'hui (les 33 tours sont moins fragiles et les platines meilleures qu'à l'époque), juste pour savoir ce que ça faisait d'avoir ses parents qui se pelotaient en écoutant Norwegian Wood sur le pickup orange en rêvant d'émancipation.
Une chanson est une chanson, c'est certain, et on l'aime que ce soit sur une vieille cassette audio enregistrée que l'on s'est repassée trois cent fois ou sur un équipement dernier cri, mais cette édition là rend vraiment justice à ce que les quatre de Liverpool (dont au moins deux génies et demi, écoutez les albums Solo de George si vous ne me croyez pas) avaient en tête à l'époque.
Et vraiment, ce n'est que VOUS faire justice. Sinon, si vous restez avec la vieille version, c'est un peu comme avoir la cassette de l'autoroute avec Gilles Pellegrini et son orchestre qui reprend les plus grand succès des Beatles. C'est pas mal, mais cela ne vaudra jamais l'original.
L'intégrale des Beatles, coffret stéréo, 14 CD et 1 DVD, environ 229 € / Coffret mono, 11 CD, environ 255 €