De ma fenêtre, je vois juillet se terminer doucement… Paris se dépeuple et les rideaux de fer, lourds comme un soleil de midi en Provence, tombent sur les vitrines pour un mois entier. Les voitures désertent les avenues et les terrasses deviennent plus facilement accessibles.
Assister à cette désolation progressive est toujours un moment jouissif pour ceux qui restent, pour les bienheureux qui partiront plus tard, plus loin. Ce petit moment entre deux mondes annonce l’arrivée d’un Paris sublimé, aéré. Il n’y a certainement qu’en aout qu’on peut découvrir l’autre visage de la capitale.
Pourquoi rester à Paris, en août ? Parce que c'est ici que ça se passe ! Evidemment, les Parisiens sont partis et enfin on respire, et enfin… la ville nous appartient… un peu plus.
Et puis, Paris, en août, c’est un dépaysement permanent. Pour quelques semaines on y trouve, concentrées, des Suédoises plein les Champs, des Madrilènes sur les quais, des Japonaises qui rêvent de mode, des Américaines pour lesquelles Paris est toujours la ville de l'amour ou des Russes, partout où on se la pète. On y retrouve surtout des Parisiennes pur sucre... qui savent bien que la capitale n’est jamais aussi offerte que durant l’été et qui connaissent les lieux branchés, cachés, secrets, pour se rafraichir et s'aimer dans les coins.
Je vous laisse les plages bondées, les beignets bien gras, le sable plein les chaussures, plein la bagnole, plein le lit. Gardez les odeurs de crème solaire et d’urine mélangées dans une eau stagnante où barbotent 150 Allemands bien rouges et leurs sandales, les ballons dans la figure et les cris des gosses. Laissez-moi Paris, les quais, les ponts et les passages frais et cachés... les martinis de la place du marché St Catherine, la fraîcheur du Marais, les chaises du Luxembourg, la chaleur des quais de la Tournelle et les siestes de la place des Vosges. Perdons-nous un peu dans les rues fraîches de la capitale. Août passera vite, ils reviendront bientôt. Profitons-en.
De ma fenêtre, je vois toujours juillet se terminer doucement… et j’imagine les plages qui se remplissent peu à peu, les corps qui se dénudent, s’huilent, rissolent et se biafinent. Ni juilletiste, ni aoutien, je profite de Paris et partirai plus tard, plus loin. En aout, toutes les plages du monde ... je vous les laisse. Moi je garde Paris, les Parisiennes... et leurs endroits branchés, cachés, secrets ...